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Les Fables de La Fontaine et les peintres de Libellule


[...] L'écrivain français Jean de La Fontaine (1621-1695) était un chiffonnier.

Il est considéré comme l'un des plus grands poètes français et est toujours célèbre 400 ans plus tard. Même si vous ne connaissez pas son nom, tout le monde sait comment ont tristement fini les projets de la laitière et chacun connait l’histoire de ce renard pour qui les raisins poussaient trop haut.

Il y a près de 400 ans, La Fontaine a rassemblé des histoires anciennes, des fables, des légendes morales et les a transformées en poèmes. Il a transcrit des histoires du Jataka indien, en a recueilli d’autres auprès des Grecs et des Romains, d'Esope, de Babrius et de Phèdre, d'Avianus et d'Eudes de Cheriton, et en a fait des poèmes, qui connaissent le succès depuis plusieurs siècles. Il a reçu une éducation classique de l’époque baroque et écrivait avec l'intention que la lecture rende plus intelligent et fixe des directives morales.

Une grande partie du succès vient des illustrations de ses livres. En réalité, si la lecture peut rendre intelligent, les images ont quant à elles, un effet immédiat et durable. Après les premiers inserts en cuivre dans ses textes, les illustrations les plus célèbres sont certainement celles de JJ Grandville (1803-1847). Il présente les animaux sous la forme d’animaux-humains et traduit ainsi la morale de l'histoire directement en caractéristiques et comportements humains. Gustav Doré (1832 - 1883), lui, maintient que les animaux des fables sont bien des animaux.

Ses images dépeignent clairement et permettent de comprendre ce qui aurait souvent pu rester incompréhensible dans la fable.

Et voilà ce que le groupe d'artistes de Libellule a en commun avec La Fontaine.

Lukas Kandl a réuni une collection d'artistes dans son groupe Libellule et ils cheminent maintenant à travers les poèmes du Français, tout comme celui-ci avait commencé avec des classiques et avait créé quelque chose de beau, de nouveau, de légendaire. Il a transformé la littérature de l'Inde, de la Grèce et de la Rome antique en une forme fantastique, qui a gardé toute sa fraîcheur pour les générations suivantes. Tant et si bien que les artistes de Libellule peuvent, à leur tour, les réinterpréter. Chacun, à sa manière très personnelle.

Lukas Kandl les illustre avec le scalpel ou le faisceau fin et pointu d’un laser. Il découpe les personnages et les place sur un fond neutre et non au cœur d’une action ou d’un paysage, mais à sa manière, magique et réaliste, rendant ainsi visible le cœur de la fable. Il transforme la morale du XVIIe siècle en une connaissance du présent. [...]


[...] Les expositions Libellule portent toujours sur la peinture, l'interprétation du thème, la variété des expressions. Vous ne sauriez pas dire si c’est un homme ou une femme qui a peint le tableau. Vous ne reconnaîtriez que si c'était un mauvais tableau, mais cela, Lukas et Françoise Kandl ne le permettent pas. [...]



[...] Pour le jeune peintre cubain Carlos Sablon - également professeur et critique d'art - l'art est un moyen de s'exprimer de différentes manières. Il mélange les options picturales sous toutes leurs formes, des maîtres anciens à la culture cubaine.

Son portrait de Madame de Montespan, basé sur la fable de La Fontaine, est moins une histoire de morale que le portrait d'une maîtresse royale en titre de Louis XIV. Belle, célèbre, cultivée, brillamment ironique, les dames de la société la disaient calculatrice, égoïste, intrigante, accro au jeu, endurcie et froide. Et, pour obtenir la puissance du roi, dont elle avait eu sept enfants, elle avait également eu recours à la magie. Perez la peint avec toutes ces traits et attributions, l’entourant de fleurs du vent (convulvus), qui signifient, en langage floral : "Tu ne te débarrasseras pas de moi".[...]


[...] Le groupe Libellule est un tout nouveau type d'association d'artistes. Dans une association libre, mais de longue date, dans laquelle les quelque 30 maîtres de la peinture fine fantastique travaillent sur un thème à la fois.

Il est passionnant de voir comment les interprétations personnelles approfondissent le thème de départ dans de nombreuses directions. Ensemble, elles aboutissent à une vision culturelle, historique, artistique, diversifiée et autonome.

Ce sont des artistes actuels, façonnés par le présent, qui relèvent les défis de notre temps, avec la maîtrise de la peinture fine, sur des thèmes anciens dans le monde de l'art.

Chacun des artistes du groupe développe l'art fantastique, le surréalisme et le symbolisme, au travers de la belle peinture. Mais personne n'imite aucun des maîtres classiques du maniérisme, ni ne peint pour satisfaire à quelques considérations que ce soit.

Ce sont des résistants, avec une volonté personnelle de s'exprimer et une capacité magistrale à concevoir leur position individuelle sur des sujets éternels.

C'est aussi ce qui fait le succès du groupe.

2006 a été l'une des premières expositions " ANGE EXQUIS ". Dans aucun des tableaux, il n'y avait de traces de ce kitsch ésotérique qui   dénature souvent les représentations des anges. On y trouvait d'innombrables variations autour de l'ange en tant que symbole archétypal.



Les œuvres de " DIVINITÉS MI-HOMMES, MI-BÊTES " étaient des figures animales-divines et une occasion de mettre en scène de vieux dieux, démons et chimères dans des nouvelles situations. Tout comme dans « ENFER PARADIS », les points de départ bibliques se retrouvent dans les désirs actuels pour l'enfer et les tourments du paradis.

« HOMMAGE AUX MAÎTRES ANCIENS » pourrait être le détonateur de toutes ces expositions thématiques. Des générations d’artistes contemporains aux méthodes artistiques actuelles ont créé des reflets des œuvres de maîtres anciens dans leur travail. De l'art conceptuel à l'assemblage, de la vidéo à l'art photo. Les artistes du groupe Libellule le font avec la technique de ces maîtres anciens.

C'est la raison du succès de leurs expositions : les artistes du groupe Libellule éveillent, renforcent et élargissent l'intérêt du public et le discours sur l'art de tous les temps, à travers des œuvres d'artistes vivants. [...]

 

 

Prof. Gerhard Habarta

8./ 25.8.2019

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